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Remonter procédé historique repertoire annexes aujourd'hui Analyse l'orchestre de jazz origines et historique

 

Le répertoire du Jazz est essentiellement constitué de ce que l'on appelle des formes "song" (c'est à dire des formes "chansons", car de nombreuses chansons répondent à une construction identique) et des blues.

Historiquement, la forme blues est la première à avoir été le plus largement utilisée. Elle a fini par se fixer le plus souvent sous forme d'une matrice harmonique de 12 mesures articulée en trois sections équivalentes axées autour des accords générateurs de la gamme heptatonique occidentale, mais avec une certaine indétermination modale (usage de blue notes).  

1 Bb7 2 Eb7 3 Bb7 4 Bb7
5 Eb 7 6 Eb 7 7 Bb7 Dm7 G7
9 Cm7 10 F7 11 Bb7 G7 12 Cm7 F7

Exemple 6 Blues en Bb (Si bémol)

Si le blues et la forme "song" alimentent le plus le répertoire du Jazz, ceci n'écarte évidemment pas la possibilité d'envisager des formes plus complexes. Mais, comparativement à ce qui est envisageable dans la Musique Occidentale de Tradition Écrite (la musique "classique"), dans le Jazz de stricte obédience, la présence non essentielle de l'"écriture" n'autorise pas facilement à concevoir des formes complexes.

En effet, l'oeuvre de Jazz résulte d'une composition collective à partir d'éléments musicaux suffisamment simples pour être facilement manipulables, en temps réel, par les musiciens. Aussi, lorsque l'on parle de "forme song" ou de "forme blues", pour un morceau de Jazz, il ne s'agit-là que de la forme, très simple, revêtue par les éléments musicaux principaux dont les musiciens de Jazz vont se servir (une chanson, un enchaînement d'accords de blues sur 12 mesures, par exemple)

C'est pourquoi il convient de distinguer encore plus en Jazz que dans les autres genres musicaux, les deux aspects complémentaires de la notion de forme. En effet, dans quasiment tous les styles de Jazz (à l'exception de certaines tendances rapportables au Free Jazz), l'agencement interne des parties répond à deux principes fondamentaux:

- Le premier concerne les matrices harmoniques sur lesquelles l'arrangement de Jazz s'appuie.

- Le second concerne la façon dont l'arrangement organise l'utilisation d'une ou, parfois, de plusieurs matrices harmonique dans le déroulement d'un morceau.

        Dans le cas de Body and Soul, la matrice harmonique en question, c'est l'agencement en 4 parties distinctes de 2 phrases de 8 mesures chacune (que l'on peut nommer phrase A et phrase B) pour produire un schéma de type AABA.

Le schéma AABA est une forme en ce sens qu'il est identifiable comme une construction-type que l'on peut reconnaître dans un grand nombre de refrains de chansons, ces chansons dont le Jazz se sert souvent en tant que pré-texte à l'élaboration d'un morceau. Par-delà le schéma AABA, ce qui assure l'identité personnelle de chaque chanson répondant à ce schéma, c'est bien-sûr en premier lieu la mélodie. Mais, comme celle-ci est souvent remplacée par d'autres mélodies improvisées par les jazzmen, ce sont en définitive les enchaînements harmoniques élaborés à partir de la forme générique (c'est à dire ici 32 mesures AABA) qui déterminent l'identité personnelle de la chanson en question.

On parlera dans ce cas non plus seulement de forme, mais bien précisément de matrice harmonique. Ainsi, bien que l'une et l'autre s'appuient sur la forme AABA, il y a la matrice harmonique de Body and Soul comme il y a la matrice harmonique de I Got Rythm. Elles ne se ressemblent en rien si ce n'est au niveau du découpage de leurs 32 mesures en 4 phrases de 8 selon la forme AABA.  

Exemple 7  : I got rythm de G. GERSHWIN

Les différentes versions de l'une et de l'autre proposent une forme globale, qui relève davantage, comme toujours dans le Jazz, de la technique de l'arrangement, que de celle de la composition au sens usuel du terme. L'arrangement consiste en l'agencement d'un nombre défini de variations successives sur une même matrice harmonique originelle répétée (éventuellement précédées d'une introduction, entrecoupées d'interludes et ponctuées d'une coda, ce qui apparente alors davantage le travail à celui de la composition).

La chanson Body and Soul  a donné lieu à une multitude d'arrangements fondés sur ce principe.

  Remarque: A l'inverse des oeuvres fondées sur la matrice harmonique de Body and Soul,  celles utilisant la matrice harmonique de I Got Rythm de GERSHWIN, font entendre plus rarement la mélodie principale originelle durant la phase d'exposition, lui substituant volontiers une nouvelle mélodie. Ceci autorise, selon le droit de l'édition, l'emploi d'un nouveau titre, qui rend plus difficile l'identification de la chanson ayant servi de base à la composition/arrangement.  

Exemple 8  : Cotton tail de Duke Ellington construit sur  "I got Rythm"

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Copyright Alain MARÉCHAL : dernière mise à jour le 27 décembre 2011